Inger Christensen
Traduit du danois par Karl et Janine Poulsen
2018, 82 pages - 15€
Deux textes de la grande poétesse danoise contemporaine (1935-2009) qui, chacun à leur façon (« couronne de sonnets » inventée au XVII° siècle en Italie pour le premier, répétitions avec permutations symétriques chères à Olivier Messiaen pour le second) interrogent la place de la mort au cœur même de la vie, grâce à un envol de papillons puis grâce à une plongée dans l’enfance.
Voici l’envol des papillons du monde
dans la chaleur de la vallée de Brajcino
depuis l’amère grotte souterraine
que les buissons recouvrent de parfums.
Comme Azuré d’Icare, Amiral et Morio
comme Paon de jour, Paon de nuit, ils volent
en faisant miroiter au sot de l’univers
une vie qui ne s’en ira pas comme ça.
D’où vient l’étrange magie de cette rencontre
aux doux mensonges, un brin de quiétude,
éphémères visions des regrettés défunts ?
Mon oreille répond d’un tintement secret :
c’est la mort qui de ses propres yeux
t’observe depuis l’aile du papillon.
Extrait de La vallée des papillons
ISBN 978-2-917029-37-4 / 15€